La mare

Travail préparatoire pour Histoires d’eau, avec le collectif Smog. Dispositif Territoires ruraux, territoires de culture

Mon carré d’eau est brouillon.

Du vert printemps et des iris, tout autour de l’eau et dessus, un tapis de lentilles.

Dessous, ça ne respire plus.

Avant, c’était rangé. Des briques et des parterres, pour délimiter.

Les iris ont tout floutté et je ne sais plus où commence la mare, ni comment m’en occuper.

Je rentre dans l’eau. Pose le pied dans la vase, qui délivre à la surface l’odeur des végétaux décomposés, tout au fonds.

Les confettis fluo vert se dispersent et se regroupent immédiatement autour de ma taille.

Je dérange l’eau qui stagne, et écume les lenticules à coup d’égouttoir.

Le ciel, les arbres, mon ombre entrent dans le miroir d’eau.

Ma grand-mère s’était laissée glissée dans ce lit d’argile. Elle ne respirait plus. Je dépose sur sa gorge un coquelicot.

Je marche lentement, très lentement, pour ne pas tomber. L’eau pressure mes jambes et dans le waders, je ne coule ni ne flotte. La mare est géante et je transpire dans l’eau froide.

Je regagne le bord : le miroir s’est agrandi.

Les lentilles reviendront, comme le lierre sur les arbres.

Je créerai de nouveaux miroirs dans la mare. Je serai sa mémoire.

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